L’évaluation de la demande de bilan dans le cadre d’une question de Haut-Potentialité
29 décembre 2021
« Plus on comprend les choses, plus elles s’éclaircissent » J.P Bacri
Lorsque l’on est psychologue, la question à laquelle nous sommes confrontés est celle de la demande. Point central, elle définit le rapport qui va unir un patient à son psychologue. Cela préfigure également, le cadre éthique et à quoi nous sommes renvoyés, voire projetés dans nos professions de psychologue. La demande suggère donc d’en évaluer à la fois la force mais aussi la qualité : la demande renvoie par écho à la finalité recherchée.
La demande doit s’entendre avec sa pluralité de signifiants. Tour à tour elle prend le sens de « confier », le patient nous livre et confie une part de lui, de ses inquiétudes, ses désirs voire pour certains une quête (notion que l’on peut décliner à l’infini).
Nous pouvons aussi entendre « demander » pour « savoir », sous-entendu éliminer ou « demander » pour « avoir ». Le patient au travers de sa « demande » exprime ce qu’il cherche à obtenir de son psychologue.
Ainsi voit-on d’ores et déjà se dessiner 2 conceptions, celle du psychologue thérapeute qui travaille sur la « vérité » du patient, et nous précisions bien du patient accompagné cela va sans dire d’une certaine part de subjectivité. Et de l’autre côté du miroir, une objectivation via l’utilisation d’une psychologie que nous nommons dans notre jargon « armée » c’est à dire accompagnée par l’utilisation de batterie de tests et autres questionnaires.
Alors qu’en est-il du patient et de sa demande ? Devons-nous aborder la problématique de Haut Potentialité sous couvert d’une analyse subjective du ressenti, ou bien valoriser l’évaluation objective via un bilan qui comprend entre autres un test de QI – mais pas que – …?
Aux dires de certains professionnels, souvent non-psychologues, le test de QI n’est pas utile pour évaluer une Haut Potentialité. Mais cela soulève des questions du type « un bilan de Haut Potentialité se réduit-il à un test de QI ? » (heureusement non…). Et n’est-ce pas une manière pour le professionnel de passer outre une évaluation objective des habilités cognitives souvent par manque de connaissance ou une outrecuidance de croyances…??? Cela peut renvoyer aussi plus simplement et de façon très complexe aux théories sous-jacentes (philo cognitif, zèbres, surdoué, haut potentiel…)
Un bilan de Haut Potentialité s’aborde selon 2 courants : cognitif et clinique.
Mais dans ce questionnement, reste un grand oublié : le patient !! Qu’en est-il de lui, de sa demande, de ses besoins ? (question qui peut rester complexe pour le patient à délimiter)
Nous ne pouvons parler au regard des autres psychologues, mais voici un retour humble et forcément discutable de ma pratique.
Faire un bilan pour se connaitre, re connaitre et se faire connaitre aux autres. Comment objectiver ce sentiment de décalage, de croyance sur soi voire un sentiment de méconnaissance de soi ? Comment avoir le courage d’exposer l’intériorité de son être à un étranger, de se confronter à la peur, à ses peurs ? Quelles cartes vont ressortir ?
Il convient également de mettre cette demande en perspective de la temporalité personnelle et professionnelle. Qu’est-ce qui dans ce temps que je vis, fait émerger cette demande ? Le temps de crise pour chercher des solutions pour faire taire le mental, la volonté de trouver enfin sa place (question vaste et aux réponses multiples), le miroir des enfants, la transition qu’elle soit professionnelle ou encore personnelle, voire la transmutation, c’est-à-dire la volonté de passage d’un état à un autre. Le bilan est-il l’expression d’un symptôme, une volonté de comprendre, une réponse, une demande ?
En voilà des questions auxquelles le psychologue doit s’attacher de dessiner, et faire en sorte que le patient tutoie une réponse. D’ores et déjà, nous identifions que la demande de bilan de Haut Potentiel s’accompagne de petites lignes qui ont toutes leur importance…
Et ils me font souffrir, ces thérapeutes, psychologues ou non, qui oublient le patient. Vous savez, ceux qui projettent, qui expliquent ce que vous devez penser ou encore ceux qui savent mieux que vous ce qui est bon pour vous. Mais n’oublions pas dans ce débat d’ego que seul le patient sait ce dont il demande à être soulagé. N’oublions pas que notre rôle est d’accompagner l’émergence de la demande, de clarifier et d’y répondre du mieux que l’on peut pour que le patient puisse trouver SA réponse. Réponse qui doit l’aider à arbitrer les décisions favorisant son bien-être.
Alors non et encore non et re non, nous ne faisons pas un bilan « comme ça » juste par ce que le patient demande, voire exige et paye. Le « je veux » du patient n’est pas ordre. De ce fait, ne soyez pas surpris si vous faites une demande de bilan de Haut Potentialité que le professionnel n’y accède pas de façon aussi spontanée que vous le pensiez. Et s’il accepte trop facilement, hum ?? c’est à questionner ! Dans mon cabinet, chaque demande fait l’objet d’une analyse, d’un temps d’étude et de préparation afin de sélectionner les tests et questionnaires à même de répondre à la demande. En tant que professionnels formés aux bilans, nous engageons notre responsabilité.
Alors WAIS-IV ou pas, questionnaires de personnalités, tests projectifs… seule une analyse fine de la demande permet de sélectionner au mieux les éléments qui seront à même de répondre aux patients et de constituer le bilan.
Au sein de mon cabinet, les bilans comprennent : des entretiens, un test de QI, un test de personnalité, un questionnaire, des schémas et un test projectif. Ce bilan pouvant être complété par des évaluations spécifiques au regard de la demande et des spécificités individuelles. La demande de Bilan renvoie à l’histoire de chacun.
La question n’est donc pas de faire un bilan standard et uniforme mais bien de prendre la personne dans son individualité et de la considérer comme un être à part entière. Un bilan pour partir à la rencontre de soi.
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