C’est l’histoire d’une gomme
9 juillet 2023
Voici le travail réalisé par C.B au cours de sa thérapie. L’utilisation des allégories, métaphores, objets flottants, ou plus globalement tout média permet aux patients d’exprimer, de projeter ses désirs, ses peurs, ses angoisses, ses envies.
Merci de respecter son travail, C’est avec son accord que cet article est publié
C’est l’histoire d’une gomme… qui ne voulait plus être gomme mais devenir crayon !
Elle, ce qu’elle voulait plus que tout, c’est écrire, écrire à s’en casser la mine… laisser une trace, noircir des pages et des pages entre des doigts habiles ou fébriles, impatients de révéler au monde par les mots, les pensées, les idées, l’imagination et la poésie de leur auteur, quitte à raturer, recommencer, recommencer encore, immédiatement, sans avoir à s’user la tête pour une cause vaine et perdue d’avance !
Oui ! Car la gomme aussi utile fût-elle, en avait marre, marre d’être cette petite chose lisse et docile, certes bien utile dans un monde aseptisé, toujours là à la rescousse du crayon, gommant et regommant inlassablement les mêmes erreurs, les premiers jets timides, imparfaits ou médiocres, les vers plats ou bancales, les mots d’amour -ou de colère- non assumés.
Mais n’allez pas vous y tromper, la gomme était pour le droit à l’erreur et l’a longtemps revendiqué ! Assumant ainsi son rôle avec force et ferveur, mettant un point d’honneur à ne laisser aucune trace, la gomme mettait du cœur à l’ouvrage, se laissant consumer au fil des pages, des essais manqués, des grilles de Sudoku et mots croisés, fléchés, complétés.
La gomme était lasse, usée. La demoiselle au teint blanc, affectueusement surnommée par son ami le stylo « la charbonneuse », ne trouvait plus de sens à sa mission. Que restait-t’il de ses interventions ? Souvent que des desquamations balayées d’un revers de main sur la page et aspirées telles des miettes témoignant d’un récent repas.
Et même lorsque celle-ci ne faisait qu’un avec le crayon, elle nourrissait le secret espoir de ne plus apparaître au second plan… Elle admirait le Dr. Watson mais voulait entrer dans l’histoire tels Sherlock Holmes, Hercules Poirot et non Hastings.
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